La mise à l'honneur du vendredi - Beauté

date_range 03 Mars 2023 folder Gratitude, Une mamie à part

Dans mon panthéon personnel, une personne très modeste, se détache cette semaine.

9 ans, été 69.  Ici, il s'agit moins de résilience que de découvertes.

 Pour la deuxième fois cette année, je vais faire un grand voyage et quel voyage ! Nous prenions (ma sœur et mon frère aussi) le train à Payerne et partions en colonie de vacances. Colonie dirigée par les sœurs de St- Vincent de Paul de Fribourg. Une très longue journée de voyage qui va nous emmener à Rimini sur la côte adriatique.

Dans le cadre religieux de cette colonie, nous devions faire un examen de conscience chaque soir et vendredi ou samedi, c'était confession individuelle. Protestante et complétement ignorante de ces drôles de coutumes, je ne percevais pas du tout ce qu'elles peuvent avoir d'éducatif, d'authenticité encore moins de ce que ces pratiques mal menées pouvaient fragiliser des personnalités mal construites. 

C'est à ma monitrice de l'époque une certaine Marie-Noëlle, septième enfant d'une famille de 12,  que j'ai tenu mon tout premier carnet d'examen de conscience. Le soir elle nous prenait une par une en petit entretien de quelques minutes et repassait le déroulement de la journée, ce que nous avions bien fait et ce qui nous avait été une difficulté. Elle priait gaiement avec nous toutes, que Le Seigneur accomplisse ses desseins dans vos vies, je comprenais "ses dessins" dans nos vies, ce qui au fond revenait presque au même. Je lui dois une certaine lucidité spirituelle, être vraie devant Dieu. Ok je ne suis pas parfaite, donne-moi des occasions de m'améliorer, Seigneur !
 Cette prise de conscience non culpabilisante, joyeuse et spontanée ne m'a plus quitté. Cette monitrice savait très bien que nous ne racontions pas tout, mais elle n'appuyait pas là-dessus, nous laissant le temps de grandir et de nous améliorer. Cette colonie d'obédience catholique, enseignait et pratiquait les rites de réconciliation adaptées aux jeunes de 8 à 15 ans que nous étions. Certes je l'adorais, voulais, comme toute ma chambrée, ne pas l'attrister ou l'énerver. Elle avait une patience d'ange et je n'étais pas certaine qu'elle n'en soit pas un. Jolie comme on peut l'être à 21 ans, un sourire doux et de très longs cheveux bruns qu'elle attachait souvent, une tendresse à fleur de main pour nous sécher ou soigner nos petits bobos de mer (beurk, il y avait des mini crabes qui nous pinçaient les orteils, le sable brûlant, et nos goûters qui finissaient dans la poussière faute d'inattention), nous servir un poil de plus notre repas préféré (elle avait le temps de nous connaître un peu, 3 semaines de colo, c'est long), proposant aussi bien quelques romans d'aventures que des hagiographies de saints en lecture du soir. Les hagiographies me faisaient rire, St-Thérèse d'Avila lévitait pour monter les escaliers, telle autre tombait en extase spirituelle devant la croix ou une rose, St- François d'Assise parlait aux oiseaux, etc...

C'est à elle aussi que je dois un véritable coup de foudre. 
Lors d'une sortie de la colonie, chaque monitrice pouvait choisir librement ce qu'elle allait nous faire découvrir. Elle a choisi de nous emmener en car public à Ravenne, admirer les mosaïques d'or de trois églises. Dans la première, je suis restée ébahie au sens premier du terme, bouche bée !  Je n'avais jamais rien vu d'aussi beau ! Il existait, dans " l'ancien temps" des gens qui réalisaient cela pour dire quelque chose de la beauté de Dieu ! Je n'en revenais pas ! C'est vite vu, elle a dû revenir me chercher, je n'avais pas pris conscience que le groupe était sorti de l'église.

Dans la deuxième église, moins surprise, j'ai essayé de comprendre ce qui était représenté, dans la troisième, j'ai reconnu une scène de la bible, j'étais aux anges, je comprenais enfin pourquoi on s'était donné tant de mal pour dire quelque chose de la grandeur de  Dieu. Je n'avais pas du tout en tête, ce que cela avait bien pu coûter et le côté orgueilleux, bling bling des commanditaires. Je n'avais pas conscience non plus du pouvoir politique qui se détachait de ce genre pictural. Non j'ai 9 ans, et je suis comme devaient l'être le peuple analphabète du 5 ou 6eme s. , sous le choc de la beauté.  Pour la première fois, Dieu est beau !

La suite de la sortie me laisse un souvenir de glace dégoulinante sur un pédalo en forme de cygne, de chaleur écrasante. Je n'ai aucun souvenir du retour, du repas du soir et de la lecture du soir. Je devais être épuisée !

 A Marie-Noëlle, je dois mon examen de conscience quotidien et de la prière qui va avec, un amour inconsidéré des églises romanes Italiennes et de leurs mosaïques byzantines.
Le coup de foudre de mes 9 ans, ne s'est pas apaisé, il est encore aujourd'hui le moteur de bien des visites de ce genre. 

San Vitale, la première église que j'ai vue.

Mosaïques de Ravenne, la Basilique de San Vitale



 

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