Peindre sur le motif - L'Etang D'Arnex sur Orbes.

Une peinture « de plein air » est, le plus souvent, peinte « sur le motif » : une œuvre peinte à l'extérieur, dans la nature, devant le sujet (souvent un paysage) comme l'ont fait les pré-impressionnistes et les impressionnistes, avec leur matériel (châssis entoilé et chevalet).  

Nous sommes partis découvrir un milieu humide près d'Arnex à une quinzaine de km de chez moi.Nous ignorions complétement qu'il existait un endroit aussi magique dans la région. 

Selon Frédéric de Charrière, les moines de Romainmôtier s'étaient réservé la pêche de l'étang d'Arnex à l'époque où ce village était encore possession du CouventCette carte de 1810 nous en montre bien sa forme  et sa superficie de 15 hectares (Histoire et histoires d'Arnex sur Orbe: L'étang d'Arnex,ancien et nouveaux (arnexhistoire.blogspot.com))

Ce qu'il en reste aujourd'hui : 

Vers 1900, la vapeur remplaçant peut à peu la force motrice de l'eau, la commune rachète le moulin et surtout l'étang pour en capter les sources.Ceci afin d'installer le réseau d'eau sous pression du village en 1907.
L'étang est donc asséché, drainé et mis en culture.
Mais en 1968, il est décidé de planter des carolins sur ces terrains tourbeux, pas toujours faciles à cultiver.
24 ans plus tard, les peupliers sont prêts pour l'abattage.

Mais après avoir déduit du prix de vente de 607 m3 de bois, les frais d'abattage et de débardage, il ne reste pas grand'chose !

Le nouvel étang

Au vu du maigre résultat de l'opération (qui laisse un revenu de  156 francs par an) l'ingénieur forestier David Petter avec la collaboration de Jean Daniel Gauthey propose alors en 1992 la création d'un nouvel étang.

Peindre sur le motif a plusieurs contraintes, météo, températures, matériel, confort. 
Rester plusieurs heures en plein cagnard, ou en temps de bise soutenue, on oublie ! Je voyage le plus légèrement possible, une petite boîte de 30 demi bâtonnet Rambrandt et un assortiment "nature" de ma composition. Une chaise de camping, je peins sur mes genoux. Pas très confortable, mais faute de mieux... Un chevalet pliant est tout de même lourd et encombrant pour moi. 
Confortablement installée en surplomb de l'étang, de grosses pierres me servant de tables d'appoint, je me suis laissée emporter par la beauté de ce lieu. Je craignais les insectes piqueurs, mais à cette saison (avril), pas de soucis. Je me suis quand même bien aspergée d'anti-tiques ! Il fait environ 22° parfait pour peindre, pas de bise ni de vent qui soulève la feuille. 

Sir Plume se royaume autour de l'étang, cherchant une vue susceptible de me convenir, mais il n'y a pas mieux que ce belvédère. Les oiseaux s'en donnent à coeur joie accompagnés de l'orchestre des grenouilles. Je finirai par ne plus les entendre tellement je me suis absorbée dans la contemplation et l'exercice. 
Voilà que je sursaute, on m'adresse la parole, sans bonjour, ou "puis-je regarder ?", on se penche sur mon épaule et on fait des commentaires.  Voilà qui est pour le moins gênant pour moi ! Les commentaires ne sont pas spécialement bienveillants en plus. Je coupe court en disant que je ne sais pas dessiner et que je le fais pour être en pleine conscience de l'endroit (ce qui est parfaitement véridique) et que je maintien ainsi des apprentissages de cognition et d'habileté fine. Merci et au revoir ! C'est le bémol de la journée. La bienséance veut qu'on laisse un peintre tranquille, qu'on s'excuse de déranger et on demande à regarder "en silence" . Il est extrêmement intrusif d'apostropher une personne dans sa bulle. 

En deux heures le soleil a bien bougé, et ce qui était à contrejour (noir) ne l'est plus. Il est temps de plier bagages non sans finir les quelques fraises tièdies par le soleil que j'avais emmener pour mon pic-nique. 
Le tableau est presque terminé, je le finirai chez moi. Je vous le livre tel qu'il était lorsque nous sommes revenus à la maison.