Voir au-delà des apparences. Pastel.
J'ai suivi une conférence sur youtube donnée dans le cadre d'une exposition passée sur le pastel au 17 et 18eme siècle au Louvre. Ces conférences qui mettent l'accent sur plusieurs interprétaions, attributions, fourmillent de détails intéressants.
Je dois dire que j'ai été soufflée par la précision des détails sur les œuvres présentées dans le cadre de cette exposition.
Comme les moulins à papier ne pouvaient réaliser de grands formats, l'artiste Maurice-Quentin De la Tour, a marouflé six feuilles ensembles. Réalisé le visage à part et collé le visage de même que les mains du modèle. Hallucinant, on ne remarque absolument rien. Pour se faire, il a aminci le papier en le défibrant afin qu'il se fonde dans l'image.
Mme de Pompadour est au pastel.
Le tableau fait 1.77x1.36 m. Mains et visage ont été rapportés. Les chaussures ont des repentirs, la densité des tissus est obtenue par de multiples sous couches.
Je reste au scotchée par ce détail d'un autre tableau : la finesse du rendu des tissus et surtout de la dentelle... Il s'agit de technique picturale propre au pastel sur des aplats de couleur tout en dégradés, on vient rehausser les motifs au bâtonnet, car pas de crayon pastel en ce temps-là. Le pastel s'apparente dans son rendu à la peinture à l'huile mais est bien plus rapide à réaliser, pas de temps de séchage.
Maintenant que j'ai suivi un cours sur ce médium, je peux dire que l'un des aspects de cet art et de pouvoir lire au-delà des apparences. Ce n'est pas seulement la beauté subjective d'une œuvre qui est donnée à voir. A celui qui a été initié, observer les sous-couches, les rehauts, les variétés de blancs rompus, donne à l'œuvres la personnalité du peintre. Renoir utilisait une technique qui s'apparentait au pointillisme des impressionnistes et par des traits d'une extrême finesse juxtaposait les couleurs si finement que l'ensemble donnait chair littéralement à ses personnages.
Ici rien de tout cela, les dégradés et les transparences sont presque iréels. Les tissus ont une densité qui n'est pas partout pareil, on sent bien le gros-grain d'un noeud cousu sur une mousseline de coton ou de soie. Il s'agit en fait de technique de grattage pour ce qui est des tissus épais et de sous-couches dégradées dans leurs valeurs pour ce qui est de la soie par exemple.
Voilà pour ce petit partage/ découvertes sur ce médium, le pastel, qui me fascine.
Le travail des sous-couches est presque un art en soi. Mal définies, elle affadiront le pastel, trop uniformes, il perdra en spontanéité, pas assez estompées, voilà que l'image finale devient brouillonne, trop estompés, les fonds deviendront flous et perdront leur définition. Il est donc très intéressant de regarder le fond de l'image au-delà du résultat final pour distinguer, quand c'est possible, le travail en amont du pasteliste.
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