Une hiérarchie ?

date_range 14 Janvier 2022 folder Apprendre

« Celui qui fait parfaitement des paysages est au-dessus d'un autre qui ne fait que des fruits, des fleurs ou des coquilles. Celui qui peint des animaux vivants est plus estimable que ceux qui ne représentent que des choses mortes et sans mouvement ; et comme la figure de l'homme est le plus parfait ouvrage de Dieu sur la Terre, il est certain aussi que celui qui se rend l'imitateur de Dieu en peignant des figures humaines, est beaucoup plus excellent que tous les autres ... un Peintre qui ne fait que des portraits, n'a pas encore cette haute perfection de l'Art, et ne peut prétendre à l'honneur que reçoivent les plus savants. Il faut pour cela passer d'une seule figure à la représentation de plusieurs ensembles ; il faut traiter l'histoire et la fable ; il faut représenter de grandes actions comme les historiens, ou des sujets agréables comme les Poètes ; et montant encore plus haut, il faut par des compositions allégoriques, savoir couvrir sous le voile de la fable les vertus des grands hommes, et les mystères les plus relevés. » — Félibien 1668

Il y avait en ce temps là toute un hierarchie académique qui est tombée en désuétude au 19eme s. 

Dernièrement, on m'a fait remarquer que je ne peignais pas sur le motif, mais que je ne faisais que de la reproduction, comme une sorte de photocopieuse. 

Voici mes réponses

Je ne hiérarchise pas les deux manières de faire. Pour moi elles sont complémentaires et différentes. D'autre part, l'aspect temps est important. Aller sur le motif nécessite une bonne capacité à croquer son modèle, un paysage, un ciel, des nuages, la lumière ou des animaux, très rapidement, le mouvement faisant indéniablement partie de l'équation. 
Je ne suis pas une pro, ni même une amatrice avertie et talentueuse. Je réalise donc ce qui me procure du plaisir. C'est important le plaisir ! Je n'ai absolument aucune ambitions de quoi que ce soit si ce n'est de m'ouvrir au monde dantages via le dessin et la peinture. Peu me chaut qu'elle soit figurative, abstraite, illustratrice, décorative ou réaliste. Ce n'est qu'un petit loisir créatif.
Croquer un sujet à la va vite n'est pas pour moi ou plus exactement, en été peut-être oui, en hiver, non ! Aller peindre par 10° et moins me prend trop de temps. Je me congèle sur place. Je conçois tout à fait que le plaisir soit davantage dans une réalisation sur le motif. Mais quand je le fais c'est tellement maladroit et naïf !


La photographie et ses dérivés, la caméra oscuranta, ont toujours fait partie de la peinture depuis la Renaissance. Même de Vinci a utilisé une telle caméra bricolée par ses soins, c'est dire ! Aussi  bien pour inspirer le peintre que pour la reproduction la plus exacte possible de la réalité du moment M. Et il ne viendrait à l'idée de personne de critiquer vertement les grands peintres qui l'ont utilisée. 

Mon inconscient s'affiche autant dans une formule que dans l'autre, je "nourris" ma peinture (aquarelle et pastels) de perceptions inconscientes. Je ne suis pas certaine que me battre avec des moustiques en plein été dans une roselière soit plus valorisé ou valorisant que de faire la même roselière à la maison, tranquillement d'après une photo que j'ai faite ! Comme je ne maîtrise pas la perspective et la simplification, c'est presque impossible de retranscrir sur le papier ce que je perçois. C'est moche et je continue d'essayer, mais sans plaisir. 

Toutes les idées des autres sont bonnes à prendre: une belle photo sera un extraordinaire moteur de motivation pour moi. Tout comme je sais que je ne pourrais jamais rendre l'émotion devant un lever de lune ou l'envol d'un cygne, je suis bien incapable, de rendre sur le papier de tels moments magiques.  J'admire sans réserve ceux qui y parviennent avec talent. 

Mon but d'aquarelle est de pouvoir agrémenter mes carnets de voyages et de balades. Cela s'arrête là. Tout est bon pour y parvenir, photos, paysages, sujets précis ou non, impressions, exercices plus ou moins réussis, cours en ligne et remarques constructives, tutoriels internet. Reproduire dans ce cas comme dans bien d'autre c'est aussi apprendre.
Au pastel, mon objectif est l'émotion, la délicatesse, la poésie. Rendre ou donner une impression de maîtrise passe en second même s'il est nécessaire d'acquérir des gestes sûrs et utiles à rendre ces impressions. Il faut de la technique dans un cas comme dans l'autre, on ne discute pas de cela.  Oui mes citrons étaient bien réalisés, mais ils sont et restent scolaires, alors que mes paysages de l'Etang de la Bressonne reflètent la mélancolie hivernale, ou le foisonnement de la vie en été.  Ceux qui les ont vus ont été sous le charme... 

Résumons, ce n'est pas mieux ou plus valorisant de peindre sur le motif ou d'après photos, d'après modèle ou sujet. C'est différent, c'est tout. 

Et c'est très bien comme ça.

 

 L'envol du cygne (vu sur Instagram dans artclub4you)

envol du cygne

Alexandre Maranov  

 

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