Jeux de rôles

Rien ne s'arrête...

... Je continue d'explorer !

Nous connaissons tous la liste de nos divers rôles sur la scène du grand théâtre de la vie. Fille, sœur, infirmière cousine, amie, épouse, maman,  grand-maman, tante, femme, etc... . 

Ce n'est pas parce que nous vieillissons que ces rôles-là s'effacent d'eux-mêmes. Je me souviens avec émotion de ma petit BM qui donnait des points aux cartes à son fils ou lui gardait précieusement sa mandarine pour la lui offrir lors des visites alors que tout le reste s'était envoler de son cœur et de sa mémoire. Jamais, même à l'article de sa mort elle n'a cessé d'être une maman. Ses dernières paroles ont été : tu es un bon garçon !!!!
J’ai soigné une dame de 93 ans, très démente, qui savait exactement les effets secondaires de sa médication et discutait comme personne son traitement avec son médecin, quand elle ne reconnaissait plus son fils, une autre parfaite épouse jusqu’à sa mort s’inquiétait de la lessive des vêtements de son mari…

Avec mes enfants actuellement, je continue d'explorer ces rôles qui m'habitent. Grand-maman est celui que je pratique le plus souvent... ;) mais les liens mère-fils et mère fille prennent des directions inconnues pour moi. Cette exploration est passionnante. Je découvre des pans entiers de ma personnalités non pas que j'ignorais, mais qui étaient un peu voilés.  Ces relations avec des adultes rejouent des pièces en trois actes de leur enfance, à la différence près qu'ils sont adultes et qu'il est impératif de tenir compte de cette évolution. Leurs intérêts, leurs difficultés du moment, leurs surprises joyeuses résonnent donc différemment en moi et je dois adapter mon rôle aux nouvelles circonstances du moment.  Comme beaucoup de parents, je ne dis jamais ce qu'il faut dire et pourtant cela fait mouche. Tout à coup des intentions, des pistes de réflexion sont fermées ou ouvertes. Mon jeux doit tenir compte de leur place sur cette terre, des aléas de la vie ou des évolutions personnelles. A l'un, un apaisement, à l'autre le conseil pratique, au troisième le silence, ou l'écoute silencieuse...  ( oui oui... )

Actuellement, me revoilà engagée sur des chemins inconnus avec ma fille. Je garde l'espoir que je serai autre que ce que la littérature relate via les auteurs thérapeutes: rivale, absente, fusionnelle conflictuelle. Il doit bien exister un chemin de complicité, de respect et de compréhension réciproque hors de ces schémas habituels, non ? Un chemin qui ne se termine pas dans des cabinets de consultations. Parce que bon, la seule littérature sur le sujet,  explore ce qui va mal et comment restaurer le lien mère-fille. Lorsque tout va bien ou du moins va à peu près bien, cela ne fait pas les gros titres des rayons de librairie, ni des articles de magazines.