Burn-out parental

date_range 13 Février 2021 folder Etat d'âme

Les mensonges silencieux.

 

J'ai visionné un reportage sur le burn-out parental (M6). Plusieurs choses m'ont frappées dans le reportage (peut-être un peu orienté).

Je convoque mes souvenirs.
Oui il y a eu des période d'épuisement, je ne vais pas le nier, des périodes d'intenses fatigues physiques et mentales. On ne parlait pas encore de charge mentale. C'est la période où je travaillais à 60 % de nuit, avait 3 enfants en bas âge dont un particulier, et que je suivais des cours de théologie validée. J'en garde une cicatrice d'ulcère du duodénum...

Les 2 ans du cadet quelques mois après le déménagement.... pas encore remise sur pied, visiblement... ( enfant maquillé, pêche au canard et chasse aux trésors dans le jardin avec les enfants de la maison

950815.85B3N - Pampigny - Dominique, Sylviane, Malou, Quentin

Une période où l'aide de grands-parents aurait été bienvenue. Heureusement, je n'avais pas un hyperactif à la maison comme dans le reportage, je crois que j'aurais aussi craqué !
Mais ce qui m'a fait réfléchir, c'est l'abîme qu'il y a entre une maternité idéalisée à l'extrême, et une réalité des plus crues. Ajoutez-y, quelques lacunes de maturité affective, une situation monoprentale, ou un partage des tâches particulièrement déséquilibré,  des revenus insuffisants, une gestion où les priorités sont mal établies ( la maman qui passe un temps considérable à soigner son apparence) et la situation devient ingérable, explosive, maltraitante, voir suicidaire. 
Pour ma part, la parentalité n'a pas été idéalisée au point que je l'ai vu dans le reportage. Je savais ce qu'est un bébé puis un enfant. J'ai suivi en couple les conférences de Nahum Frank sur la parentalité et j'ai lu Dolto et Betelheim.  Ce qui ne m'a pas empêchée de faire des erreurs et de vouloir régater avec ma voisine du dessus qui avait bien davantage de moyens financiers que moi. Une fois cette prise de conscience faite chez mon généraliste qui m'a tout bonnement dit qu'en l'état, il ne pouvait plus me soigner, il fallait que je change de manière de vivre et de repositionner mes attentes et mes priorités, pour que j'envisage de revoir mon idéal à la baisse. Cette reflexion a pris quelques semaines en couple. Nous avons déménagé à la campagne, j'ai arrêté de courir dans tous les sens et nous avons redéfinis nos priorités financières.  A la campagne, le rythme de vie plus lent permet d'autres découvertes et n'a pas empêché mes enfants de faire des études supérieures. Le contact avec la nature est équilibrant. 

La maternité rêvée                                                                          Ma réalité ! ;))

Screenshot_2021-02-14 Merrick White Style Sewing ( merricksart) • Photos et vidéos Instagram
Tout propre et joli, bienveillante maman qui fait manger des fruits à ses enfants 
Ce qu'on ne dit pas: maman mannequin qui pose, papa photographe, studio, photo pour un magazine américain évangélique

 

 A force de montrer des images de pub de familles idéalisées, et les réseaux sociaux ont encore démultipliés cela, de faire des stories sur Instagram où tout est merveilleux, où le message inconscient est que si certaines arrivent à tout faire en même temps (couple, famille, travail, développement personnel, maison, vacances, réussites scolaires des enfants et le ménage, les courses, la lessive avec 4-12 enfants) ou l'on t'explique que tu peux gagner ta vie en montrant la vie rêvée de ta famille,  la plus part du temps, il faut revoir cet idéal à la baisse. 
Cerise sur le gâteau, le reportage montrait une employée du site "parents épuisés" qui se voit mettre en arrêt maladie de 3 mois pour récupérer de sa courses folle avec 4 enfants: après le travail, elle parcourait à pied et en courant pas loin de 14 km ! Pour amener et reprendre ses enfants à des activités parascolaires, faisait faire les devoirs dans la rue dans les moments d'attente et s'appuyait la totalité d'un ménage de 6 personnes dont 4 enfants allant de quelques mois à 7 ans !!!!! Comment cette femme intelligente en est-elle arrivée là !???

S'en suit alors des groupes de parole pour réévaluer les priorités, les attentes, comment prendre soin de soi, des solutions temporaires où mettre des enfants devenus des tyrans  à l'écart un week-end par mois. Une psychanalyste qui mets les commentaires en sous-titre pour expliquer les situations. 

Oui, il faut dire que la parentalité est difficile, fatigante et qu'il faut impérativement faire des choix qui vont à l'encontre des injonctions publicitaires et sociétales (non il n'est pas nécessaire de s'endetter pour acheter la voiture dernier cri, ou de donner des activités parascolaires à des enfants qui n'en demandent pas tant, et en tous les cas pas tous les jours) Que oui, dire non à un cours de musique, de sport ou de poterie car les moyens manquent en temps ET/OU en argent, ce n'est pas pas trahir ses enfants ou les défavoriser par rapport à d'autres. C'est le bon sens.
A quoi bon des enfants super consommateurs d'activités dans un foyer déchiré où maman est si lasse et énervée que rien ne vaut plus la peine. Il faut dire  que c'est un mythe la femme qui réussi tout, tout le temps. Il faut souligner que nous ne sommes pas tous outillé de la même manière pour faire face.  Et qu'il vaut mieux renoncer à la maison et des vacances à l'autre bout du monde pour avoir le temps et l'argent de prendre soins des enfants de manière simple qui protégera toute la famille. 
J'ai pour exemple, une situation vécue.
Notre Fille Aînée voulait un cours de harpe.
La simple location annuelle de l'instrument engloutissait une semaine de vacances pour toute la famille. Nous avons donc dit non. Il a fallut supporter la bouderie, le ressentiment de mamselle, l'impression de ne pas être à la hauteur de notre idéal parental. Elle a du composer avec ce non et nous avec ! Et cela est aussi douloureux.  Mais paradoxalement, elle ne nous en pas voulu et ce non a été formateur pour elle comme pour nous. 

 Toutes les femmes filmées disent d'une manière ou d'une autre qu'elles sont tombées de haut entre leur rêve de maternité et la réalité. 
 Dans deux situations sur les 5 montrées, on passe d'une attention nécessaire et légitime quand l'enfant est petit à un enfant qui prend le pouvoir sur ses parents et qui met sa famille en danger d'implosion (pères qui s'en vont, détachement affectif des mères). Cela n'arrive pas du jour au lendemain, mais c'est une glissade inconsciente. On fait de l'enfant le centre de la famille et les parents se doivent  de lui donner le bonheur, oubliant au passage que le bonheur n'est pas un état. Et plus ils essaient et plus c'est l'enfer à la maison, mettant principalement les mères en burn-out parental. 

 Le reportage montrait que des cours de parentalité ( école des parents) devraient être prescritibles par les pédiatres dans nombre de cas. Les parents veulent bien faire, il faut donc s'appuyer sur cette motivation et donner des bases saines à des parents sous pression, leur apprendre à faire des choix équilibrés, et à prendre du recul. 

On économiserait pas mal de divorces, de maladies, d'absentéismes au travail.

En coût pour la société, cela se chiffre ! 

Dire aussi qu'en temps de crise, on voit pas mal de familles fragilisées décompenser, mettant en danger une jeunesse mal préparée à faire face à l'imprévisible.  Paradoxalement dans les pays émergeants, la jeunesse est davantage résiliente et tient mieux le coup ! 

Cela devrait donner à réfléchir. 

 

 

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