Une chaîne.

Peut-être que l'une des tâches des grands-parents  c'est...

Transmettre.

Ou peut-être pas.
Plusieurs études démontrent que ce sont les parents qui outillent leurs enfants pour la société de demain, et non les grands-parents. Bien que leur influence ne soient pas totalement démentie.

Ces derniers ont davantage un rôle à jouer dans un échange de services et de biens. Garde des petits-enfants et dépannages financiers sont davantage sollicités que transmission de savoirs, de valeurs  et de découvertes.

Transmettre les traditions, les savoirs, modernes ou  anciens et les découvertes d'actualité, être un fil qui relie des générations autonomes est davantage une vision des séniors que des parents ou des petits-enfants.

Les grands-parents sont divers et variés.
Tout commes ce qu'ils ont envie de transmettre.
Pour l'un ce sera l'Australie et ses koalas, le piano et l'anglais, pour un autre le ski et la natation, le trempoline, pour d'autres la nature sous toutes ses formes ou la littérature, la danse de salon ou le foot, la cuisine et les musées, l'astronomie, la peinture, un sport en particulier, la découverte d'un endroit et sa faune, sa flore, ses passions ou ses hobbies du moment. 

L'important est bien moins dans le sujet à transmettre que dans la transmission elle-même.
Il est moins important d'avoir l'exclusivité des découvertes que de savoir lever le voile sur des thèmes qui tiennent à coeur.
En la matière tout se vaut et il n'y a pas de compétition à mener avec des petits enfants.  Rien de plus triste en effet que de voir des familles mener des compétitions, avec leurs dérives de blessures et de silences, de prises de pouvoir les unes sur les autres.  
Un petit lutin ou une petite fée doit être éveillé à la vie, sans être blasé à 10 ans pour avoir visité la planète entière, crouler sous les cadeaux et tenir pour acquis que tout lui est dû.
Une étude de 2013 souligne que ce qu'attendent les petits-enfants de leurs grands-parents, c'est une forme d'écoute, un espace de disponnibilité bien plus que la transmission d'un savoir. Certes cela fait partie des souvenirs de l'enfance, mais ce n'est pas le socle sur lequel les valeurs se construiront.  Ce socle est celui des parents, et quoique l'on en dise, c'est très bien ainsi.

Tant mieux s'il découvre le piano, et tant mieux s'il sait dessiner ou pratiquer un sport et être endurant, tant mieux s'il est respectueux des gens et des choses. Tant mieux s'il découvre l'Amérique du Sud et tant mieux s'il joue au fond du jardin avec le herisson et les escargots ou sait faire des barrages dans un ruisseau.  L'important est ailleurs, dans l'ouverture du coeur et de l'esprit, dans l'intangible discret, dans un accueil bienveillant.

La transmission se fait aussi par des silences, des gestes, des attitudes face aux évènements, des discours qui nous échappent consciemment ou inconsciemment… Beaucoup de non-dits aussi. Elle se fait donc souvent malgré nous et à travers le côté répétitif du quotidien.

 Il n'en reste pas moins que les grands-parents transmettent beaucoup, et beaucoup plus qu’ils ne le pensent. Au fur et à mesure du développement de l’enfant se créent des liens qui vont s’intérioriser et qui vont faire partie de son existence. Des grands-parents bienveillants et disponnibles vont ainsi avoir sur l’enfant une influence durant toute sa vie et participer à son univers mental, et ce, même si les relations n’ont pas été toujours soutenues et y compris si de profonds conflits ont délité la famille. Car il ne faut pas passer sous silence ces tensions qui placent le petit-enfant dans un conflit de loyauté insoluble pour lui, le bloquant dans ses apprentissages.
La force du lien intergénérationnel traverse le temps et toutes les classes sociales.