Directives anticipées - CoviD-19
date_range 25 Mars 2020
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Etat d'âme
La Société Suisse de Médecine Intensive (SSMI) demande qu'"afin d'alléger (...) les soins intensifs "les personnes à risque réfléchissent à la question de savoir si elles souhaitent ou non bénéficier des mesures de prolongation de vie telles que la respiration artificielle"
C'est un sujet sur lequel je suis très ambivalente.
S'il y a assez de respirateurs je pense que oui j'accepte, tout en sachant qu'il y a une chance sur deux que je meurs quand même.
S'il y a assez de respirateurs je pense que oui j'accepte, tout en sachant qu'il y a une chance sur deux que je meurs quand même.
Et la question est mal posée: ça signifie quoi être sous respirateur ???
En fait, on ne peut pas demander un acquiescement éclairé en posant seulement cette question...
On vous fait une anesthésie générale qui va durer entre quelques heures et quelques jours, ensuite vous serez sédaté et attaché pour ne pas que vous arrachiez votre tube dans la trachée. Comme on introduit un objet dans votre organisme, le risque est majeur que vous vous infectiez avec des bactéries hospitalières plus résistantes et donc on bombarde votre organisme avec des doses d'antibiotiques quelque peu virucides au passage. Vous êtes dans ce coviD-19, mis à plat ventre. En état de semi conscience on vous donne des anti-douleurs, un tube dans la trachée est douloureux et vous percevez cette douleur.
Le risque de mort dans cette maladie est d'environ 50% sous intubation, ce n'est pas parce que vous avez besoin d'être intubé que vous allez en réchapper forcément. Donc on intube en priorité ceux pour qui la survie doit être de bonne qualité après.
Vous serez surveillé par tout un monitorage (relativement bruyant) et du personnel soignant 24h/24 7j/7, des soins de conforts minimaux (vu le nombre de personnes en soins intensifs) vous sont prodigués et vous serez sondé. On n'a jamais vu quelqu'un se promener avec son respirateur pour aller au toilettes ! A minima, vous serez nourri par voie veineuse ou parentérale (une perf, ou une sonde naso-gastrique) car on vous intube de 10 à 14 jours. On ne vous laissera pas mourir de faim...
Vous serez surveillé par tout un monitorage (relativement bruyant) et du personnel soignant 24h/24 7j/7, des soins de conforts minimaux (vu le nombre de personnes en soins intensifs) vous sont prodigués et vous serez sondé. On n'a jamais vu quelqu'un se promener avec son respirateur pour aller au toilettes ! A minima, vous serez nourri par voie veineuse ou parentérale (une perf, ou une sonde naso-gastrique) car on vous intube de 10 à 14 jours. On ne vous laissera pas mourir de faim...
ça, c'est pour ce que j'en sais comme soignante !
Donc demander aux personnes de savoir s'il elles veulent ou pas être intubées est une question bien trop concise. Personne n'a "envie" d'être intubé. On fait ce choix en fonction de nos valeurs, de notre espérence de vie, de notre esprit de sacrifice, de notre envie de vivre ou de laisser faire la nature.
Je trouve complétement aberrant de poser le problème tel que le fait la société de soins intensifs.
Et vous ?
Vous avez déjà discuté en famille, avec votre conjoint ? Vous saviez clairement ce que cela signifiait ? Vous vous êtes renseigné ? Allez vous mettre votre position par écrit ? Car si vous ne le faites pas, ce sont les médecins épaulés d'une équipe de soins et d'éthiciens qui le fera pour vous.
On nous assure qu'entre un clochard et Berset on n'intubera pas forcément Berset, mais j'ai comme quelques doutes, pas vous ?
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