Une vie priante

Habituellement, je suis très réservée sur cet aspect de ma vie.

A cause exceptionnelle, article exceptionnel !

L'autre jour, on m'a fait remarquer, alors que je soulignais avoir de la peine à prier voix haute, ces derniers temps .... Qu’il "fallait au moins réciter/prier le Notre père chaque jour" !!!! Je n'en veux pas du tout à cette personne, qui pensais bien dire et bien faire en m'encourageant.

Difficile à entendre et cela a eu le mérite d'interroger ma vie de prière.

Depuis ma tendre enfance, je prie.  Par la suite en prenant de l'âge, avec une meilleure connaissance biblique, j'ai cessé de prier uniquement un Dieu "roue de secours" qui tel un TCS céleste accourt pour m'aider à passer au travers des difficultés, voir de les enlever comme par magie, ou encore d'agir en ma faveur.

Le postulat du Tiers Ordre de l'Unité à la trentaine, m'a fait pratiquer des formes inédites de  prière que je pratique maintenant avec aisance.

Ma vie, quel qu’elle soit, est une prière à elle toute seule. Il y a les prières liturgiques du culte, la lecture priante des psaumes, la prière d'alliance (silence, adoration, merci, pardon, s'il te plaît), les temps d'intercessions, de silence et de l'oraison, ce cœur à cœur avec le Christ.
L' âme toute tournée vers la présence de Dieu en mon cœur.

De louanges  quand je marche au bord du Rhône sauvage, d'émerveillements quand j'observe les roches de la berge, de grâce quand je prends la main de Sir Plume et que je la sens chaude palpitante et ferme pour m'aider à passer une descente scabreuse. Une prière de douceur quand je contemple la beauté parfaite d'une fleur, sa couleur et ses formes, son élégance. Une prière de reconnaissance et gratitude quand je me mets à table, une prière de pardon quand mes pensées s'accrochent au négatif et à l'inquiétude ou que mon examen de conscience dévoile des actes et des pensées peu reluisants. Dés le matin, j'implore l'Esprit saint de me guider. La prière de silence devant l'inévitable.  L’oraison qui apaise mes doutes et mes interrogations. Prière d'intercession verbale ou non, pour remettre à Dieu nos fardeaux et ceux de nos frères en humanité. Prière de larmes, car il y a bien des occasions de pleurer en ce temps compliqué. Prière de consentement  fondée sur la conviction que l'Esprit est présent en nous et que son inspiration est continue, inépuisable.

La prière qui m'habite le plus en ce temps de Carême, est une supplication, avec l'espérance  folle d'être entendue, prise en compte dans ma relation au Divin. 
Il me semble que la prière silencieuse a aussi l’avantage d’être sincère, car on peut tout dire et tout penser. Tout, absolument tout, même ce qui est indicible, car souvent la pensée dépasse les mots.

En silence, je me tiens devant Dieu, cela seul suffit !  (Romain 8:26)

Est-ce à dire que parce que je ne verbalise pas une prière, que cette dernière n'existe pas ? Non, bien sûr que non ! La prière est cette posture de l'âme toute entière tournée vers la face du Christ disait Ste Thérèse d'Avila !